En ce matin d'un nouveau printemps

Le ciel est d'un bleu délavé et, quoi qu'il en dise, l'Homme est toujours animé de rêves et d'espoir.

Nous nous insurgeons souvent contre la médiocrité et l'engouement que les médias et le "commun" des mortels éprouvent envers les nombreuses "stars" et autres "people" connus. Pourquoi l'être humain paraît-il si peu concerné par la qualité et la véritable beauté ? Noyé de bruits et de pollution, à l'écoute de nouvelles de plus en plus alarmantes, envahi par la technologie, interlocuteur privilégié d'appareils électroniques lui donnant l'illusion de s'exprimer au sein d'une nouvelle communication interplanétaire qui l'incite au contraire à s'isoler toujours plus, il n'a pourtant jamais cessé de rêver, car son âme, au-delà du laxisme et des compromissions, de son indifférence ou de son regard déçu sur notre société, continue à chercher un idéal, à vouloir un monde meilleur et à ressentir la nécessité de dépasser ses limites. Elle continue enfin à rêver à la consécration de ses projets les plus audacieux ou de ses actions les plus fraternelles.

Pourtant, depuis sa naissance, la société lui dit: Contente-toi de survivre. Engrange des biens matériels qui te démontreront ta valeur et te feront paraître beau à tes yeux. Cours après la gloire et nourris-toi seulement de ce que d'autres, avant toi, ont appris. N'oublie surtout pas que tes pouvoirs sont limités et méfie-toi de ce que tu ne peux prouver.

Face à ce paradoxe, une réussite facile et matérielle peut seule satisfaire ces critères. C'est ainsi qu'aujourd'hui, l'Homme souffre des maux de sa vie tout en rêvant et en s'identifiant à celle, factice et superficielle, de ceux qui, croit-il, lui ressemblent.

Faux ! Nous sommes capables des plus grandes choses et nos rêves ne sont pas vains. Notre idéal est la seule source fiable de notre réussite. En nous, beauté et rigueur peuvent se côtoyer.

Par contre,en admirant la gloire et l'argent des autres, nous en oublions la grandeur et l'humanité de notre cœur, les vocations qui seraient à même de susciter nos talents, la réussite que notre motivation, notre volonté et notre persévérance seraient capables de faire naître.
Nous en avons aussi oublié que cultiver ces qualités équivaudrait à admettre, puis à prouver, qu'idéal et raison peuvent cohabiter et devenir les fondations d'une société dont les concepts et l'évolution éveillent enfin l'admiration et le respect que les jeunes ne peuvent plus éprouver envers ceux, les adultes, les modèles, auxquels ils aimeraient pourtant s'identifier et dont ils aimeraient être fiers.

Le ciel est toujours aussi bleu. Combien aujourd'hui, notre société encouragera-t-elle et laissera -t-elle s'épanouir de vocations ?

 

12 mai 2008
Martine Libertino
Présidente de l’Association Duchamps-Libertino


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