Il est 7 heures du matin

La lumière prend naissance lentement à l'horizon et, dans le jardin, à la cime des arbres se découpant entre le lac et les fenêtres de mon lieu de travail, se réveillent mésanges et moineaux, mes compagnons de tous les jours. Je perçois leurs doux murmures, et cela me rappelle les clameurs qui, depuis deux jours, se manifestent par le biais de la radio et de la télévision. Je me prends à imaginer nous réveillant chaque matin et, sortant de la brume du sommeil, n'entendant plus ces chants si doux qui, depuis des générations, bercent notre sensibilité et adoucissent notre humeur. Pourtant, ce catastrophisme à l'égard de la grippe aviaire ne fait mention d'aucune compassion pour ces oiseaux qui bercèrent les jours et les nuits de tant de générations avant nous. Nous ne pensons qu'à notre précieuse santé et, ne répondant qu'à la peur ambiante, que l'homme aime souvent à éprouver, nous conjecturons le pire. Pourtant, lorsque nous recevons des photos d'enfants mourant de faim ou du sida, lorsque nous prenons connaissance de la manière dont sont traités la plupart des animaux qui nous nourrissent, lorsque nous prenons conscience du racisme que nous faisons subir à notre voisin de palier parce que ses habitudes ne ressemblent pas aux nôtres, et enfin, lorsque nous subissons les choix politiquement corrects de nos gouvernements sans broncher, ne sommes-nous pas, là, chaque jour, plus en danger qu'aujourd'hui ?

La vie, la santé de notre planète, notre santé et celle de nos enfants se maintiendront et se perpétueront en supprimant de notre cœur l'indifférence, l'égoïsme, la lâcheté et la peur d'innover. Je vous propose alors ceci : arrêtons cette psychose que nos émotions mettent journellement en place et qui, si souvent, nous conduit à mal interpréter les informations de l'actualité. Souvenons-nous plutôt de ce dont nous avons véritablement besoin. La nature et les animaux peuplant notre terre, les hommes et les femmes que nous sommes, nous avons tous besoin d'amour, de considération, de paix, de dignité. Au lieu de nous laisser aller à la peur, nous pourrions prier pour ces compagnons dont la vie est en danger et penser que les choix courageux, neutres et aimants qui régissent notre existence sont, chaque jour, les pierres angulaires d'un monde qui pourrait être véritablement beau. Encore une fois, en prenant soin des causes réelles des maux de notre planète, nous pourrions en supprimer les effets. Le jour est enfin levé, et mes oiseaux, à la cime des arbres, continuent de chanter.

28 février 2006
Martine Libertino
Présidente de l’Association Duchamps-Libertino


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