Ouvrages de Martine Libertino aux Éditions Duchamps l’éducationDans le développement de tout être humain, l’éducation revêt une importance fondamentale. Elle façonne le caractère d’un enfant, son idéal, sa vision de lui-même, de ses proches et de la société qui l’entoure. Ses parents, comme ses enseignants, le guideront à découvrir les traits de sa personnalité, les talents dont il pourra profiter et les écueils découlant de ses problèmes émotionnels. Ayant eux-mêmes subi une éducation répressive, de nombreux adultes éprouvent actuellement le besoin de respecter l’autonomie et les besoins de leurs enfants mais ils tendent souvent à confondre liberté et laxisme. Cet état d’esprit venant pourtant d’un bon sentiment charge l’enfant d’un fardeau inapproprié : celui d’assumer des choix qui ne correspondent pas à son niveau de maturité. Cette mauvaise interprétation de la liberté ne rend pas les enfants responsables mais faibles et égoïstes. En outre, elle les prive de la possibilité, pourtant vitale pour leur bonheur, d’admirer et de respecter les adultes censés les guider. La personnalité de l’enfant et son
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Cette interprétation incorrecte de la liberté les conduit à offrir à leurs enfants un pouvoir et une responsabilité que ces derniers ne peuvent assumer sans éprouver la souffrance de l’abandon et sans un sentiment d’injustice engendrant colère et agressivité. Respecter ces valeurs éducatives veut dire : apprendre à ne pas confondre liberté et égoïsme. Aimer sans accepter de guider un enfant ou un adolescent est donc un leurre. Sans la fermeté et la sûreté attentionnées de l’adulte, il deviendra faible et indifférent à ses propres besoins et à ceux de son entourage. Le devoir des adultesDepuis de nombreuses années, les problèmes de l’enfance tardent à se résoudre car le monde des adultes ne comprend peut-être pas à quel point nos enfants nous ressemblent et, surtout, à quel point leurs souffrances sont semblables aux nôtres. De ce fait découle un malentendu tendant à devenir chronique, à savoir que le monde de l’enfance ne peut être compris que par des spécialistes. Acceptant cette théorie, ne risquons-nous pas de faire preuve de laxisme et les parents ne se croyant pas à la hauteur, ne laisseront-ils pas à d’autres le soin de prendre en charge les questionnements et les révoltes de leurs enfants? Quant aux enseignants, ne pouvant résoudre les difficultés de leurs élèves, spectateurs de problèmes qui leur échappent, ne se borneront-ils pas à donner leur enseignement, perdant leur enthousiasme et leur désir de transmettre un savoir si utile à l’élévation culturelle de notre société ? Aussi, est-il temps de se questionner sur les causes de ce mal. Pourquoi les violences en milieu scolaire et la dépression de l’adolescence ? Pourquoi la boulimie, l’anorexie surgissant à l’aube d’une vie d’adulte ? Pourquoi les suicides, la drogue, l’alcoolisme, l’addiction à internet et aux jeux virtuels détruisent-ils sous nos yeux atterrés les enfants issus de notre chair ? Pourquoi tout simplement l’incompréhension et la douleur des conflits que l’on nomme pudiquement les conflits de générations ? A long terme, un travail continu aiderait les enseignants à accompagner des enfants et des étudiants épanouis et équilibrés qui se sentiraient certainement plus motivés pour un parcours de leur vie mieux compris. Mais notre société est trop pressée pour s’attarder sur les causes d’un mal dont on soigne depuis trop longtemps les symptômes. Endiguer la violence intérieure provoquée par la souffrance est un devoir. Il incombe autant aux parents qu’aux éducateurs et aux décideurs politiques. L’intégrité de notre société, sa cohésion et le destin de la jeunesse en dépendent. Mais notre bonheur à tous n’en dépend-il pas ? Car notre regard d’aujourd’hui sur le monde de l’enfance ne peut souffrir de voir la pureté se ternir, le rêve s’évaporer. Devant un tel désarroi, chaque être humain se sentirait trop démuni. Il deviendrait la proie d’une culpabilité et d’une angoisse alimentant sa part de faiblesse. Parents et éducateurs, ainsi que nous tous adultes, avons les moyens de rendre nos enfants heureux. Écouter son cœur équivaut à entendre celui de l’autreApprendre à s’aimer, saisir le sens de ses besoins, croire en son idéal et en son avenir, mais surtout, réaliser que nos enfants nous ressemblent et éprouvent des besoins identiques aux nôtres, rayonnent des mêmes bonheurs et souffrent des mêmes malheurs, voilà ce que les adultes doivent assimiler. À force de leur faire croire que seules les années d’études donnent une crédibilité à la connaissance, ils en ont oublié leur intelligence de la vie. |